Monothéisme : L’idée d’un seul Dieu a-t-elle sauvé ou détruit le monde ?
- SEBjaniak
- 30 août 2024
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Le monothéisme, vénéré par des milliards de personnes comme le summum de l’évolution spirituelle, est aussi l’une des conceptions les plus destructrices jamais conçues. Comment l’humanité, qui pendant des millénaires a vénéré de nombreux dieux, est-elle devenue obsédée par l’idée d’un seul Dieu tout-puissant ? Et comment cette idée, supposément libératrice, est-elle devenue la source de conflits sans fin, d’intolérance et de souffrance ?
Le monothéisme comme outil de pouvoir
Commençons par l’Égypte ancienne. Au XIVe siècle avant notre ère, le pharaon Akhenaton introduisit le culte d’Aton, le dieu solaire. À première vue, cela semblait être une révolution spirituelle, mais en réalité, c’était une tentative de consolidation du pouvoir. Un Dieu = Un Souverain. Akhenaton comprit qu’en contrôlant l’unique divinité, il pouvait contrôler toute la nation. Était-ce le début de l’idée selon laquelle la religion est avant tout une question de pouvoir, et seulement ensuite de spiritualité ?
Cependant, l’Égypte n’était pas prête pour le monothéisme, et après la mort d’Akhenaton, les Égyptiens retournèrent rapidement à leurs nombreux dieux, et le culte d’Aton s’effondra. Mais l’idée ne disparut pas - elle trouva un terrain fertile ailleurs et fut utilisée à des fins encore plus complexes.
Israël : des dieux tribaux au souverain universel
Passons à l’Israël ancien, où le judaïsme est né. Au départ, Yahvé n’était qu’un des nombreux dieux vénérés par les Hébreux, mais au fil du temps, il devint leur seul Dieu. Mais était-ce vraiment une évolution spirituelle pure ? Ou était-ce une réaction aux menaces politiques et militaires qui obligèrent les Israélites à s’unir sous une seule bannière - un Dieu qui les protégerait et les conduirait à la victoire ?
Pendant l’exil babylonien (586-538 avant notre ère), alors que Yahvé était censé protéger son peuple de la destruction, il devint un Dieu omniprésent, non limité par un temple ou une terre. Il n’était plus un dieu tribal - il devint le Dieu de tous. Mais comment ce Dieu, qui était censé apporter le salut, devint-il un instrument de contrôle des peuples par la peur et l’obéissance ?
Christianisme et Islam : perfectionner l’art du pouvoir
Au Ier siècle de notre ère, en Palestine, une nouvelle religion émergea - le christianisme. Jésus, prêchant l’amour et la paix, devint la figure centrale, mais ses enseignements furent rapidement récupérés par l’Église, qui en fit un outil de pouvoir. La Sainte Trinité - un concept destiné à réconcilier l’unité de Dieu avec la divinité de Jésus - devint une énigme théologique, dont l’objectif était de maintenir l’unité de l’Église. Mais la Trinité était-elle plus un outil politique qu’un concept spirituel ?
L’islam, apparu au VIIe siècle, souligna l’unité absolue de Dieu (tawhid). Le Coran, révélé au prophète Mahomet entre 610 et 632 de notre ère, souligne à plusieurs reprises que Dieu est un, indivisible et tout-puissant, et que Mahomet est son dernier prophète, apportant la révélation ultime à l’humanité Mais était-ce une pure spiritualité, ou une utilisation astucieuse de la religion pour justifier l’expansion ?
Monothéisme : Oasis de paix ou source de conflits ?
Le monothéisme a apporté au monde non seulement l’idée d’un seul Dieu, mais aussi celle d’une seule vérité. C’est ce concept qui a conduit aux croisades, à l’inquisition, aux guerres de religion et aux conflits religieux contemporains. Lorsque l’on croit qu’un Dieu est la seule vérité, tous ceux qui croient autrement deviennent une menace. Au nom de ce Dieu, les crimes les plus terribles ont été commis.
La scolastique, développée dans l’Europe médiévale par des penseurs comme Thomas d’Aquin, tentait de réconcilier la foi et la raison. Mais n’était-ce pas un autre moyen de maintenir le contrôle sur les esprits ? Dans le monde musulman, de grands philosophes comme Al-Ghazali ont tenté de réconcilier la foi et la science. Mais ces tentatives visaient-elles vraiment la quête de la vérité, ou s’agissait-il plutôt de prévenir l’effondrement de l’hégémonie religieuse ?
Monothéisme dans le monde moderne
Aujourd’hui, alors que la science et la technologie remettent en question les vieilles vérités, le monothéisme fait face à de nouveaux défis. Mais au lieu de s’adapter aux nouvelles réalités, il recourt souvent au fondamentalisme, cherchant dans le passé des réponses aux questions contemporaines. Le monothéisme est-il prêt pour l’avenir, ou devient-il un outil de pouvoir obsolète, incapable de survivre dans le monde moderne ?
L’histoire du monothéisme n’est pas seulement une histoire de foi - c’est une histoire de pouvoir, de contrôle et de conflits. C’est l’histoire d’une idée qui était censée libérer, mais qui a souvent conduit à l’asservissement. Et bien que l’avenir du monothéisme soit incertain, une chose est sûre : son influence sur le monde reste l’un des chapitres les plus controversés et fascinants de l’histoire de l’humanité.
Cet article soulève des questions qui pourraient déclencher des débats passionnés. Le monothéisme n’est pas présenté comme une vache sacrée, mais comme une idée pleine de paradoxes et de contradictions - une idée qui a uni et divisé, inspiré et détruit. Les lecteurs seront-ils d’accord avec cette interprétation ? Le temps le dira.
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